lundi 12 mars 2018

Une voix belge

Gens de Strasbourg qui criez le refus du silence, permettez à une voix belge de se joindre à vous pour clamer le drame des migrants.

Gris et rose,
couleur de vies à la dérive,
rouge du sang et noir du deuil,
blanc de pages qui restent à écrire,
passe le train fou des nuages.
Ils viennent du bout du monde, poussés par le souffle brûlant de l’enfer.
Ils vont par des voies improbables, ignorants des frontières, laissant choir ci et là quelques humains hagards échoués par hasard en terre inconnue, blessés, affamés parfois, souvent malades.
Leurs yeux n’ont plus de larmes, mais leur coeur bat encore, obstinément.
Sur leur passage, des poings se lèvent, des mains se tendent.
Qu’on les déteste ou qu’on les aime, on aurait tant voulu rester heureux, ou tout au moins tranquilles, entre nous. Des malheurs, des malheureux, des profiteurs de tout poil, nous en avions déjà à revendre.
Mais ils sont arrivés, et le monde vacille.
Haro sur le migrant ! Halte à la menace ! Vite, des murs, des prisons, et des coups de  pied au cul!
Mais le train fou des nuages ne s’arrêtera pas: on n’arrête pas les nuages!
Le malheur des autres a cessé de faire notre bonheur, ils débarquent chez nous, nous pouvons les voir en face, mais l’image qu’ils nous renvoient, nous n’en voulons pas.
Nous ne voulons pas voir que tout ce malheur est le prix que d’autres doivent payer pour notre prospérité.
On ferme les yeux encore plus fort, on se force à croire qu’on peut arrêter les nuages, que quelques murs suffiront.
Ils ne suffiront pas.
Désormais par milliers des mains se tendent qui lézardent les murs et entrouvrent les yeux.


rayon de
                                                        soleil