dimanche 22 janvier 2017

Geneviève Jacques

Nous vivons un moment où il faut donner de la voix, ensemble !

Où il faut crier encore plus fort pour crever les silences atterrés, les silences déprimants de celles et ceux qui s’accoutument des drames que vivent des migrants entre morts, errance et souffrances sur les chemins de l’exil.
Où il faut opposer la vérité des faits à tous les mensonges qui nourrissent les préjugés et désignent des boucs émissaires
Où il faut couvrir les voix de ceux qui utilisent des mots de peur ou de haine pour rejeter « l’autre », l’étranger, pour lui faire comprendre qu’il est « indésirable » ici et nous faire croire qu’il serait un danger ou une menace pour nous, et que, de toutes façons, notre barque serait pleine.
Dans ce temps de désarroi, de « crise » humanitaire, politique et morale, où les risques du pire sont bien réels, démontrons que nous sommes beaucoup plus nombreux que l’on ne croit à résister à ces tendances néfastes et à porter, en paroles et en actes d’autres convictions, d’autres aspirations .

Affirmons que pour nous, le demandeur d’asile, le refugié, l’immigré, c’est d’abord une personne humaine avec un nom, une histoire, une famille. Comme chacun d’entre nous. Avec les mêmes aspirations, les mêmes rêves d’une vie dans la dignité et la sécurité, d’un avenir porteur d’espérance. Avec la même dignité et les mêmes droits fondamentaux.

Souvenons nous d’autres exodes dramatiques dans nos pays et des traces qu’ils ont laissées dans notre histoire et posons la question : que retiendront les générations futures de la façon dont nos pays, nos sociétés se comportent aujourd’hui face à l’exode actuel ?

Rappelons que notre histoire de France s’écrit et se nourrit depuis des siècles avec les forces vives , les connaissances et les richesses culturelles qu’elle puise dans la diversité de ses habitants.

Apportons la preuve vivante qu’existent aujourd’hui sur le terrain une multitude d’actes de générosité, de simple humanité et d’accompagnement des exilés, et que les initiatives de solidarité individuelles et collectives qui se multiplient démontrent qu’il y a moins de frilosité dans la société civile que chez les responsables politiques.

Oui, lançons un appel à la mobilisation pour la construction d’une société plus juste, plus fraternelle, plus hospitalière pour tous, où le « bien vivre ensemble » se construit progressivement sans nier les difficultés pour les uns et les autres mais en recherchant le bien commun pour tous.
C’est le sens des engagements de solidarité active que nous portons à La Cimade,
C’est l’enjeu du moment si l’on veut éviter les risques d’aggravation des fractures dans notre société. Un bel enjeu éthique et politique qui nous concerne tous.