Migrer est l’acte humain par excellence. Migrer c’est
changer de peau, c’est reconstruire une vie quand celle-ci ne permet
plus de vivre. Migrer c’est rencontrer l’autre pour devenir un autre : la migration
nous révèle à nous même.
Et pourtant ce condensé de liberté fait peur. Elle
fait peur, au début, aux migrants eux-mêmes qui trouve dans leur communauté les
ressources pour se construire une autre vie pas à pas. Elle fait peur à ceux
qui accueillent, surtout. Ils s’empressent de construire des murs pour échapper
à ceux qui ont tout quitté. Le monde n’a jamais été si mobile et jamais des
murs n’ont été autant édifiés. La circulation de l’argent ? Sans problème.
La circulation des biens ? Pourquoi pas. La circulation des idées ?
Ca dépend. La circulation des personnes ? Certainement pas !
Et pourtant ces murs ne protègent pas. Au contraire, ils
exposent ! Avant la fermeture des frontières, migrer c’était circuler. Car
la liberté de venir c’est aussi la liberté de repartir puis, si nécessaire, de
revenir et de repartir, etc. Les murs ont poussé les migrants à opter pour une
installation qu’ils n’ont pas nécessairement choisi. Et la xénophobie de faire
florès... Faisons tomber les murs ! D’abord dans nos têtes. N’ayons plus
peur de la circulation et les frontières redeviendront ce qu’elles doivent
être : un point de rencontre pour un bénéfice mutuel...
Thomas Lacroix politiste au centre national de la de recherche scientifique cnrs