lundi 16 janvier 2017

Patrick Viveret

Le conflit comme une alternative à la violence


Nous sommes entrés dans un conflit mondial d'un nouveau type dont l'objet est justement de construire des conflits comme alternative à la guerre. Car c'est parce que des conflits ne se sont pas formés à temps que la violence explose ensuite avec son cortège de malheurs. S'il est un terrain ou cet enjeu apparaît avec netteté c'est bien celui des migrants et des refugies. A force d'être dans le déni des causes qui conduisent des millions de personnes à fuir leur pays, à force de fermer les yeux, les oreilles et les cœurs, quand du coup ces personnes cherchent désespérément à trouver des terres d'accueil on finit par faire monter dans nos pays une violence sourde puis explicite contre ces personnes alors qu'il faudrait organiser la resistance contre les causes qui les ont conduites à une telle situation de détresse. Partout dans le monde entier, des lors que des gouvernements bafouent la Déclaration universelle des droits humains, il nous faut nous lever, organiser l'accueil de ces réfugiés, pratiquer s'il le faut la désobéissance civile au nom de l'article 13 de cette déclaration qui stipule que " toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat" et que " toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays" . Comme le propose le " Serment de Paris" , adopté par de nombreux membres de reseaux citoyens du monde entier lors de la Cop 21, il nous faut donner un contenu concret à l'exigence de citoyennete mondiale, à l'idée que tout être humain est citoyenne ou citoyen du " peuple de la terre". Alors ceux que l'on dit "migrants"ou "réfugiés" sont d'abord nos frères en humanite et nos "concitoyens du monde" . Et notre solidarité à leur égard est aussi une solidarité avec nous memes des lors que nous risquons nous aussi de traverser ces épreuves au cours de nos vies.

Patrick Viveret cofondateur des Dialogues en humanité
"Il est trop tard pour être pessimiste !"Mathieu Ricard.