Des voix crient, un appel
pour les migrants à Strasbourg.
Jean Jaurès disait avec raison : « Quel que soit
l'être de chair et de sang qui vient à la vie, s'il a figure d'homme, il porte
en lui le droit humain. »
La construction du continent européen et surtout de l’union
européenne était avant tout une construction sociale. Un désir d’unifier et de
pacifier un continent, des hommes et des femmes, d’être une terre d’accueil.
La France et plus généralement l’Europe est un terre d’asile
ancestrale. Mais aujourd’hui par peur, par repli sur soi, par haine parfois,
l’Europe se referme sur elle-même.
L'asile est un droit fondamental et l'accorder à ceux qui ont
besoin de protection est une obligation internationale, reconnue par la
Convention de Genève, la Charte des droits fondamentaux et par l'acquis
européen. Dans l'Union européenne, espace d'ouverture des frontières et de la
liberté de circulation, les Etats membres partagent les mêmes valeurs
fondamentales et doivent avoir une approche commune pour garantir aux
demandeurs comme aux réfugiés des normes élevées de protection. Les procédures
doivent à la fois être justes et efficaces mais aussi permettre de lutter
contre les abus. Elles doivent aussi être uniformes d'un Etat à l'autre de
sorte que, quel que soit l'Etat où la demande est déposée, la réponse apportée
soit similaire et le degré de protection égal.
Le
régime d'asile européen commun, ensemble de textes législatifs fixant des
normes et procédures communes aux Etats membres de l'Union européenne en
matière de protection internationale, doit offrir aux demandeurs comme aux
bénéficiaires un statut uniforme et un degré égal de protection sur tout le
territoire de l'Union. Cette politique commune européenne est à mon sens une
idée essentielle qui pourtant s’est perdue dans des considérations de gestion
de chiffres et non de l’humain, des hommes et des femmes qui arrivent chaque jours
sur notre continent fuyant des guerres, des persécutions, des mariages forcés.
Etablir
des règles communes favorables à
un accueil décent de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants est
essentiel et urgent pour éviter des traitements différenciés, pour éviter aussi
que certains pays s’extraient de leurs obligations d’accueil.
Il
faut également casser les croyances. Certes l’Europe est une terre d’accueil
mais l’essentiel des migrations se fait entre pays du sud. Par ailleurs, la
France n’est que le troisième pays européen en termes d’accueil de demandeurs
d’asile.
Pour
qu’il y’ait une politique européenne en matière d’asile il nous faudra
combattre les peurs, combattre la primauté du chiffre sur l’humain et rappeler
nos valeurs communes.
Rappelons-nous
que l’immigration a été très bénéfique pour la France et pour l’Europe. Selon
une étude récente menée par trois économistes [ Hippolyte d’Albis, Ekrame
Boubtane et Dramane Coulibaly] sur la relation entre immigration et croissance
économique en France, fondée sur les modèles économétriques en usage au FMI, la
contributions des travailleurs étrangers à l’économie se révèlerait positive.
Le bénéfice pour la société serait de l’ordre de 300 millions par an, soit cinq
euros de PIB par an et par Habitant de 1994 à 2008.
Nos
populations immigrées constituent une part fondamentale de ce que nous sommes.
Qu’il s’agisse de grands savants, médecins et praticiens, artistes, musiciens
et champions sportifs, ou de grandes figures des milieux d’affaires, d’entrepreneurs
ou des hommes et des femmes à la tête de petites entreprises, ils sont
tellement nombreux ! C’est là notre histoire, celle d’un pays ouvert, divers et
accueillant. Et j’en éprouve une immense fierté.
Si
la solution est européenne elle est aussi locale. Les expérimentations, les
innovations sociales qui se mettent en place dans nos territoires sont aussi
essentielles à cette politique de l’asile. J’en veux pour preuve l’ouverture de
Centre d’hébergement dans des petites villes telle que Pouilly en Auxois en
Bourgogne. Le centre accueil une soixantaine de demandeurs d’asile qui étaient
à calais. Un partenariat a été mis en place avec le centre social du village.
Des comités de vie sociale se réunissent régulièrement avec les hébergés et la
population. Ce sont des lieux de régulation de la vie collective. Ils visent
également à susciter la participation des hébergés au fonctionnement du centre.
Les demandeurs d’asile ont été encouragés à intégrer les associations locales
culturelles et sportives. Nombreux sont ceux à avoir obtenu le statut de
réfugié à avoir exprimé le souhait de s’installer dans la région.
L’implantation
locale, le partage avec la population, les initiatives associatives sont aussi
importante que la mise en place d’une réelle politique européenne d’asile.
Député de la Côte-d’Or