Quand j’étais une petite fille, à
l’école on m’a parlé de la guerre, la dernière, celle de 39-45 et l’autre
d’avant, quand il y avait encore des chevaux. Au lycée, nous avons regardé un
film en noir et blanc sur le ghetto de Varsovie et les camps de concentration
en Allemagne.
Dans une des classes une jeune fille est sortie pour vomir. Les
professeurs nous ont dit : « Nous vous montrons ces horreurs
pour que l’on ne voit plus jamais ça à l’avenir ». Je les ai crus. Et
pourtant, toute ma vie, ces horreurs se sont reproduites. Au Viet Nam, Au
Cambodge, Au Chili, A Cuba…Tout paraissait si lointain ! Je me sentais
impuissante, je me disais juste : « nous avons bien de la chance
de vivre en France ! » Dans le passé, nous avons déjà payé un lourd
tribut avec nos guerres de religion et puis nos guerres tout court, alors
maintenant nous pouvons profiter du fruit recueilli par le sang de nos
ancêtres.
Aujourd’hui je suis grand-mère.
Et rien ne change ! C’est pire même ! La SDN, l’ONU se sont dotés
d’outils « démocratiques » qui n’aboutissent qu’à l’immobilisme. Les
populations se déplacent par milliers sur les routes, sur les bateaux qui
chavirent, à la merci de démons sans scrupule qui leur volent jusqu’à leur vie.
Et pourtant ce sont des hommes, des femmes, des enfants comme ceux de France
qui partent sur les routes car fuir est leur seul espoir. Et nous les nantis
nous regardons sans voir, nous écoutons sans entendre, nous lisons les journaux
sans réagir. Nous payons grassement nos députés pour qu’ils fassent la sieste
sur les bancs du parlement ou qu’ils vaquent à leurs occupations après avoir
consciencieusement pointé pour ne pas risquer d’être mis en cause pour
absentéisme.
Ici, dans mon village de
montagne, nous sommes plusieurs à avoir donné nos noms pour accueillir des
émigrés. Et nous ne voyons toujours rien venir. Pourtant nous sommes si
nombreux dans notre bien être ! Même si nous ne sommes pas riches, nous
sommes en paix. Nous voyons le soleil se lever sans le bruit des armes. Comment
arrêter cette folie des hommes ? Ces massacres voulus par une poignée au
nom d'une idéologie destructrice.
Je ne veux pas laisser
faire ! Il faut que les peuples puissent vivre décemment, là où ils sont
nés, ou là où ils ont choisi de vivre, s’ils souhaitent partir ailleurs. Les
hommes appartiennent à la Terre mais la Terre n’appartient pas aux
hommes ! Que Dieu existe ou non n’y changera rien. Les gouvernements
doivent s’organiser pour permettre à ceux qui ont pris la route de rester libres
de leur choix. L’argent que certains amassent au détriment d’autres qui meurent
dans le dénuement doit servir à la paix pour tous et non au luxe de
quelques-uns.
Mettons nous en marche pour plus
de justice et d’équité et cessons d’avoir peur que ceux qui n’ont plus rien
nous délogent de notre confort imbécile. Montrons notre fierté d’être des
hommes et des femmes d’honneur, ne laissons plus parquer nos semblables dans
des camps. Crions avec eux la douleur de leur désespoir et luttons ensemble,
petits et puissants, pour qu’ils retrouvent ce qu’ils ont perdu.